Janvier 2017…les votes des membres de la section triathlon d’Airbus ont désigné l’Altriman, en juillet, comme « course section ».
L’Altriman, c’est un triathlon de montagne niché au cœur des Pyrénées offrant des parcours vélo et CaP d’une difficulté sans pareil. Tous les formats sont proposés : l’IronMan et le half le samedi, le CD et le Sprint le dimanche. Il y en a donc pour tous les goûts, mais il faut savoir que le dénivelé est une constante quelque soit la distance !
Dès notre arrivée le vendredi 07 juillet, les dossards du full (Pierre et moi) et du half (Pascal, Michel, Vincent, Yann, Stéphanie, Jérémy et Hervé) sont retirés. Ceux du CD (Bruno, Thomas et Damien) devront attendre samedi après-midi.
Deux heures plus tard, le Canyon de Pierre et le BMC de Stéphane rejoignent pour la nuit le champ attenant au lac servant de « parc à vélos ».
La troupe vitrollaise prend alors la direction du ravitaillement du soir à notre quartier général « la Prairie », auberge à l’accueil chaleureux et où le nombre de mouches est 150 fois plus élevé que le nombre de convives..
Malgré un stress perceptible, Michel anime le repas du soir et fait circuler à toute vitesse le pichet de vin rouge, carburant essentiel aux épreuves du lendemain. On n’entend que nous dans la grande salle.
Morphée nous tend les bras…enfin pas à moi car je ne ferme pas l’œil de la nuit comme d’habitude. A 2H50 (du matin, oui, oui), j’abandonne tout espoir de trouver le sommeil et me lève pour le petit déjeuner, rapidement suivi par Pierre. L’auberge est silencieuse, les mouches sont un peu décontenancées d’être dérangées à cette heure.
Le trajet jusqu’au parc à vélo, dans la nuit noire, est rapide et nous nous retrouvons parmi nos confrères les malades mentaux. 200 athlètes, sains de corps mais pas forcément d’esprit, se préparent dans le halo des frontales. L’ambiance est monastique : ça chuchote dans les allées, les regards se croisent plein d’anxiété, les sourires aux photographes sont un peu forcés. Oui, il va falloir relever ce défi monumental : 3800m de natation dans le lac de Matemale à 1500m d’altitude, 193km de vélo avec un dénivelé qui tangente les 5000m et enfin un marathon « presque plat » de seulement 800m de cotes diverses dont une pente à 13% à gravir deux fois. Va falloir gérer la machine. Glups…
L’odeur du néoprène supplante bientôt les effluves bovins du champ voisin et la procession des grenouilles néoprénées débute à travers la forêt qui sépare le parc du bord de l’eau.
Tic, tac, tic, tac fait la pendule…boum, boum, boum résonne le cœur dans mes oreilles…
5H30, le top est donné à la lumière des fusées de détresse rouges et l’eau noire nous engloutit pour un premier tour de 1900m, les yeux rivés sur les phares, 1000m plus loin, de l’autre côté du lac. L’anxiété et le manque d’oxygène laissent peu à peu la place au calme et la sérénité. Je glisse sans forcer en tentant de garder le bon cap vers les phares à l’aller puis vers la LED rouge indiquant la sortie à l’australienne. La lumière du jour naissant rend la deuxième boucle plus facile pour s’orienter.
1H01’ plus tard j’émerge de l’eau à l’issue du tour final.
Ça c’est fait.
T1 : une veste par-dessus la trifonction, le casque et les lunettes de soleil (on y croit malgré les nuages) et en avant pour une bonne journée de vélo.
Au programme, un enchaînement incessant de montées et de descentes avec, au 135iem km, l’ascension du terrible col de Pailhères qui se fera dans le vent et sous la pluie (et un chouia de grêle pour les plus chanceux). Impossible en quelques mots de relater ces heures d’effort cyclojambiste : tant de paysages sauvages défilent sous les yeux, les encouragements des spectateurs, la douleur dans les quadriceps au passage du col de dent, le stress sur les graviers dans certaines descentes périlleuses, la gentillesse incroyable des bénévoles qui ouvrent les sacs de ravitaillement et remplissent les poches du maillot sans avoir à descendre du vélo. Au sommet de Pailhères, la pluie glacée tourbillonne dans le vent furieux, c’est dantesque: il ne fait pas bon lézarder pour admirer le paysage et je ne m’y attarde que pour gober une poignée de cacahuètes (la seule chose qui ne s’est pas encore envolée) et passer mon coupe-vent pour la descente. De retour au pied de Pailhères, il reste encore 30km et un col de 8km à franchir. J’ai mal partout, je n’en vois pas le bout, mais je tiens le coup ! 8H30 plus tard, je suis fier de mon beau BMC qui m’a ramené à bon port.
Ça c’est fait.
T2 : les running, la ceinture porte-bidon et la casquette…et je prends le temps de faire le vide dans la tête, surtout ne pas penser qu’il faut aller tout là-haut en courant, redescendre au parc et doubler la mise.
Le marathon est attaqué en puisant au plus profond des ressources mentales. Je croise successivement Stéphanie, Vincent, Michel et Benoît qui en finissent avec la CaP du half. Là je les envie !
Dans la côte à 13%, je fais comme tout le monde…je marche (vite). Un tour effectué, et c’est l’amorce du deuxième tour. Je ne peux plus rien manger et je suis en mode « back-up ». A nouveau la pente à 13% où je marche (mais moins vite).
11km de la ligne…comme Hervé nous l’avait expliqué, je range soigneusement toutes les douleurs dans un coin de ma tête et je ferme la porte ! Maintenant je ne ferai que courir, hors de question de ralentir.
Stéphanie et Yann mitraillent à mon passage, il reste 3km, j’ai le moral à bloc et la foulée déroule souplement.
Je croise Pierre qui attaque la première montée. Là, je ne l’envie pas !
13H50’ après le départ, je deviens Finisher de l’Altriman non sans un bref moment d’émotion. Je n’en reviens pas, je l’ai fait ! 9ième au scratch et 2ième vieux (euh, vétéran).
Ça…c’est fait !
La nuit tombe, les frontales des concurrents encore en course s’allument au fur et à mesure que la nuit étend son emprise sur la montagne. On guette l’apparition de chaque cercle lumineux, on scrute la nuit, on essaie de percer l’obscurité, et enfin on l’aperçoit…
18H46’…c’est Pierre qui franchit la ligne. Il a tout donné malgré une bronchite les jours précédents et la joie d’être, une seconde fois, finisher de l’Altriman se lit sur son visage fatigué.
Le repas du soir, 22 heures après le petit déjeuner ( !) est pris tous les deux dans la grande salle de l’auberge. Il est 1H00 du matin, les mouches en ont marre de nos c…ies et dorment. Nous nous racontons nos aventures respectives de cette journée inoubliable. Place à une courte nuit, le réveil est programmé pour 6H00 afin d’encourager les athlètes du CD.
A chaque mouvement dans le lit, les abus physiques de la veille me rappellent qu’il ne fait pas bon faire du sport pendant presque 14H00. Pas possible de rester couché, je me lève tôt pour rejoindre nos trois triathlètes (tous débutants cette année) du format Olympique.
Direction…le parc à vélos…, on commence à connaître le chemin.
Je dispense quelques conseils « de vieux » mais « les jeunes » savent très bien se débrouiller et les voilà sur la ligne de départ pour deux tours de 750m de barbotage.
A ce petit jeu, c’est Thomas qui sort en tête de l’eau et sprinte vers son vélo. Je perds Bruno dans le défilé rapide des modèles néoprènes saison 2017 et j’aperçois Damien tout sourire d’en avoir fini avec la partie aquatique.
Le vélo n’est pas tout plat et, pendant que nos trois compères usent les montagnes pyrénéennes de leurs mollets musclés, nous finalisons notre départ du camp de base en préparant les minibus.
De retour sur l’aire de compétition pour voir, dans un mouchoir de poche, le départ des 3 vitrollais sur le parcours CaP. Ça va vite, impressionnant.
Damien franchit la ligne en 3H06’, Thomas en 3H09’ et c’est Bruno qui vient valider les 100% de finishers du Team Airbus en 3H12’. La joie de nos trois petits nouveaux fait plaisir à voir.
Cette sortie section se conclut autour de la gigantesque paëlla offerte par les organisateurs (90kg de riz)…et un passage sur la deuxième marche du podium Vétéran pour moi (il fallait que je le dise quand même J).
L’estomac repu, direction notre étang de Berre favori : des images plein la tête, des émotions partagées tous ensemble, une montagne de souvenirs et la fierté de tous avoir « rempli le contrat ». Une aventure commune qui ne s’oubliera pas !
Le prochain, c’est le 15 août, à Embrun.
Stéphane
Altriman Finisher